Morceaux choisis

Morceaux choisis (CDr, 2011)

Morceaux choisis

Titres du CD

1 – Chuchotements (1’51)
2 – Soli tune (3’16)
3 – Pour le dire (2’13)
4 – Le grand voyage (13’37) 3’34s/3,2Mo
5 – Appel intérieur (3’36) 1’07s/1,0Mo
6 – Pour Arnaud (4’02)
7 – Harmonie d’un jour (4’20)
8 – Irisations part 1(4’34) 1’31s/1,4Mo
9 – Irisations part 2 (3’24) 1’38s/1,5Mo
10 – Souvenir de jeunesse (18’08) 3’57s/3,6Mo
11 – Pour Arnaud part 2 (2’42)
12 – Frottements (1’32)
13 – Si loin (4’19) 1’47s/1,6Mo

A propos de l’album

Bertrand a choisis 13 titres inédits composés entre 2006 et 2011.

Treize morceaux remplis de sa sensibilité hors du commun nous emmenent dans un voyage électronique aux sonorités parfois proches de l’acoustique.

Ils en parlent

Voici donc le nouveau CD de mon ami Bertrand LOREAU, je devrais dire ses nouveaux « tableaux sonores » présentés dans une pochette qui, recto verso, restitue une toile du très inspiré Marc-Henry ARFEUX, musicien, philosophe, peintre, et créateur de cet étui magnifique.
J’adhère totalement à ce packaging artistique novateur. Les mentions habituelles qui identifient le nom de l’artiste et le titre du CD ont disparu de la face avant et se retrouvent au verso de la pochette.
Je suis rentré en totale symbiose / synesthésie avec ce visuel et ses treize tableaux sonores que nous a concoctés notre maître des claviers. J’ai comptabilisé grosso modo 66 minutes de musiques originales, je le précise, car les durées ne sont pas mentionnées.
J’ai ressenti quatre atmosphères différentes pour ce CD, quatre périodes, quatre énergies, qui se retrouvent d’ailleurs sur la pochette avec quatre couleurs dominantes (symbiose/synesthésie). La première est faite de cinq morceaux courts, instrumentaux, dont la durée est comprise entre 1m46s (Chuchotements) et 3m52s (Pour Arnaud). La seconde est faite de 3 morceaux séquencés courts (3-4 minutes) qui se situent dans la lignée d’un Peter Baumann très inspiré (Harmonie d’un jour), où dans la plus pure tradition  » Dreamiène  » (Irisations part 1 et 2). La troisième comprend deux morceaux de respectivement treize et dix-huit minutes, retraçant pour l’un (Le grand voyage) l’esprit du Grec VANGELIS et recréant pour l’autre (Souvenir de jeunesse) l’univers du Teuton Klaus Schulze et ses longues plages alambiquées. La quatrième, la plus actuelle à mon sens, fait entendre trois interprétations pianistiques magnifiques, qui préfigurent peut-être la nouvelle orientation de Bertrand LOREAU, cet amoureux des claviers qu’ils soient électroniques ou acoustiques.
En un mot comme en cent, j’adore ce disque. Il est pour moi très équilibré, juste, tout est à sa place. Les morceaux sont effectivement bien choisis et il va ravir les fans de la Musique Electronique Progressive française, mais aussi bien d’autres mélomanes !
Mention spéciale pour notre ami Olivier BRIAND, fidèle collaborateur de Bertrand depuis toujours, qui vient de réussir, une fois de plus un mastering digne des plus grands du genre ! Mes enceintes holophones en ronronnent de plaisir, c’est dire…
Jean-Christophe Allier – Fr

En ce qui me concerne Bertrand Loreau est un trésor caché dans le monde de la musique. Musical, poétique et électronique, Morceaux Choisis en solidifie ma perception avec une musique finement élaborée où le compositeur et synthésiste de Nantes étale un étonnant savoir faire en maniant des styles qui se chevauchent dans une surprenante harmonie. Que ce soit du Berlin School mélodieux ou progressif, des mélodies électroniques ou du classique, Bertrand Loreau tisse de beaux tableaux musicaux qui touchent immanquablement nos émotions, la marque d’un grand compositeur.
Sylvain Lupari – CaArticle TRES complet sur le site de l’auteur Guts of darkness

Il y a deux Bertrand Loreau, ou plus exactement deux niveaux, deux étages de profondeur en communication l’un avec l’autre. Celui de l’émotion reçue et donnée par le chant, selon la luminosité d’une affectivité sensible, celui de l’énigme intérieure, inharmonique et nocturne où vit la pulsation du soi le plus intime et le plus lointain, le plus universel car le plus singulier, sans doute. Selon les cas, Bertrand Loreau privilégie l’une ou l’autre de ces dimensions, bien que, une fois encore, elles ne soient nullement exclusives mais justement complémentaires.
Le premier, moins expérimental par nécessité psychologique et poétique, prend la forme harmonique en inscrivant le plus souvent son lyrisme dans l’harmonie tonale. C’est lui qui domine Morceaux choisis, à travers un parcours en treize pièces composées entre 2006 et 2011. Bertrand Loreau s’y révèle non seulement mélodiste, mais aussi coloriste. Le souci et l’amour des timbres dominent en effet cet ensemble et lui donnent à travers le temps toute sa cohérence. En effet, souvent les anthologies de pièces composées sur une période de plusieurs années donnent le sentiment de la simple diversité, au mieux des métamorphoses successives d’un style, laissant cependant chaque pièce dans son unicité et sa solitude, quitte à donner le sentiment d’une collection que rien n’unit sinon une réunion de titres dans un même album.
Il n’en est rien dans ces Morceaux choisis qui tissent en leur mouvement un seul tissu sonore, au-delà de l’individualité de chaque pièce. Nul sentiment de décrochage, de changement brutal, mais l’évolution d’une personnalité musicale selon sa courbe patiente, précise et exigeante. Rien en effet n’est abandonné au hasard de l’à peu près : mélodies, harmonies, orchestrations de timbres, séquences – il faut une fois encore souligner la science subtile quoique discrète de Bertrand Loreau en la matière -consonances, climats, équilibre des parties, tout concours à former une seule substance chaleureuse, lumineuse et tendre. C’est l’homme Bertrand Loreau qui exprime ici son humanité concrète, ses amitiés, ses dévotions, ses souvenirs, ses chagrins et ses questions. D’où la tonalité propre à la lumière de cet album, non dans les chromatismes éclatants mais plutôt dans la gamme à la fois sobre et intense des orangés, des bleus et des mauves crépusculaires. Une nostalgie pudique manipule minutieusement ces teintes, comme toujours chez cet homme de passions d’autant plus intenses qu’elles demeurent contenues.
Revenir sur ses pas, sur ses admirations, sur ses morts aussi, est chez Bertrand Loreau un acte de piété prenant forme artistique. Une piété cependant dépouillée de toute doctrine et, surtout, offerte. Cette musique s’adresse en effet aux autres, non seulement par ses intentions manifestes, comme le marquent certains titres plus explicites, mais dans son geste envers l’auditeur. Bertrand Loreau ne nous appelle pas à lui mais nous rejoint, avec toute la substance subjective de son être sentiment. En cela il nous donne le meilleur de lui-même, si bien que cet album est un pacte fraternel sans autre exigence que le principe de la confiance entre le compositeur et ses auditeurs. Dans d’autres oeuvres, comme Promenade nocturne, si le compositeur n’est pas moins ouvert et proche, le mouvement est inverse : nous sommes invités à entrer dans le secret, à suivre les fragments d’une présence, à vivre les étrangetés d’un paysage des grandes profondeurs que seule une approche différente, plus expérimentale, permet de rassembler et de montrer dans son énigme. Morceaux choisis privilégie l’autre versant, celui du paysage vécu à chair de monde par une âme vivante et vibrante de toutes les nuances de la sensibilité.
Ps : Je n’ai pas dit combien j’adore la pièce pour piano que je trouve somptueuse !
Marc-Henri Arfeux – Fr